A étonné la récente décision du jury du prix Pulitzer de ne pas attribuer la prestigieuse distinction dans la catégorie narrative. Une rapide lecture des pages littéraires des principaux journaux nous a appri que cela était dû plus particulièrement aux arcanes du fonctionnement de cette académie et à des contrastes entre elle et des maisons d’édition. Pourtant, on peut légitimement se demander comment ces distingués intellectuels ont pu ignorer l’excellent roman dont nous allons vous parler. Avec son titre « renoirien », il plonge le lecteur dans un monde très « Fifht avenue ». Nous recommandons de le lire en écoutant Gershwin ou Rachmaninoff et plonger dans cet hymne à New York aux accents dignes de Maupassant. Nous tenons de plus à en citer deux passages qui nous ont enchantés :
« Car qu’est-ce que la civilisation, sinon le moment où l’intellect échappe à la triste nécessité (le logement, la nourriture, la survie) pour s’épanouir dans les hautes sphères du superflu raffiné (la poésie, les sacs à main et la haute cuisine) ? »
« Il y a en chacun de nous un morceau du passé qui tombe en ruine ou qu’on brade par petits bouts. Simplement, en général il ne s’agit pas d’une cerisaie mais de la place que nous accordions dans nos pensées à quelque chose ou à quelqu’un. »
Ce livre est donc un rêve, et pas des moindres : le rêve américain.
Amor Towles, Les Règles du Jeu, Albin Michel