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25 juin 2016 6 25 /06 /juin /2016 10:30

Quelques considérations pour démonter (et démentir) les craintes post Brexit


Dès les premières lueurs de l’aube, nous assistons à une ronde infernale de commentaires plus ou moins catastrophistes sur la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne. Analystes et hommes politiques se défient à peindre avec des sombres couleurs l’avenir du monde, comme si l’Armageddon finale s’approchât.
Permettez-moi de jeter un regard quelque peu perplexe sur tout ça et de proposer des brèves considérations en propos, pour démonter et démentir les affirmations les plus irrationnelles.

La sortie de la Grande Bretagne aura des répercussions violentes sur les échanges commerciaux.
A part quelques turbulences boursières (dont hélas nous en faisons les frais), il apparait comme totalement sans raison toute crainte d’interruption des échanges commerciaux ou d’impositions de droits de douane prohibitifs. Le commerce ne connait (et n’a jamais connu) de frontières. Les menaces de ces derniers jours de MM Hollande et Merkel ne sont que des simples épouvantails dénoués de toute consistance.

La Grande Bretagne aura difficilement un accès au marché unique européen.
Faux, pour les raisons mentionnées ci-dessus et aussi pour d’autres motifs. La Grande Bretagne a toujours été plutôt liée au « grand large » (Churchill dixit) qu’au Continente. Il n’est pas difficile d’imaginer que l’Angleterre ne puisse négocier des accords commerciaux avec les USA et ensuite se présenter en leur compagnie pour négocier avec l’Union Européenne dans le cadre des accords de libre-échange transatlantique TAFTA / TTIP e jouer sur l’application de la clause de la nation la plus favorisée. N’oublions pas que à l’époque glorieuse du splendide isolément victorien, les vaisseaux marchands britanniques sillonnaient toutes les mers du monde.

Brexit sera la fin de l’Union Européenne.
Alibi facile pour justifier l’actuel état de santé calamiteux de l’Union. Compte tenu que la Grande Bretagne ne participait pas àla monnaie unique ni aux accords de Schengen, on se demande comment la « défection » d’un partenaire si marginal puisse influencer le reste de l’Union. Toute autre histoire en ce qui concerne les effets politiques : la patrie de la démocratie et du système parlementaire a donné la parole à ses citoyens, lesquels se sont exprimé. Vouloir à tout prix nier la désaffection entre les peuples européens et le système de Bruxelles conduit aux résultats sous les yeux de tout le monde.

Brexit compromet la création d’une défense commune, dans une période caractérisée par des menaces terroristes importantes.
Jusqu’à aujourd’hui l’Union Europénne n’a même pas été capable de contrôler sérieusement ses frontières –passoires, en jouant avec la folle idée de favoriser l’entrée de la Turquie pour lui déléguer le rôle de douanier des frontières sud-orientales. Sans oublier que la Grande Bretagne reste dans l’OTAN, des véritables stratégies de défense commune surgirent en 1914 et 1939 par le biais d’alliances militaires entre états souverains. La défense du continent européen ne passe pas par Bruxelles.


Brexit va à l’encontre du sens de l’Histoire, qui va vers une toujours plus forte intégration. L’Union Européenne est irréversible.
Sottise monumentale qui devrait faire rougir quiconque n’ose la prononcer.
Le sens de l’Histoire ne peut être saisi que lorsque les faits en question deviennent Histoire en non actualité, c’est-à-dire après quelques décennies, afin d’en permettre une analyse la plus sereine possible. Dans le cas contraire, on risque de confondre l’instant avec le Temps et concevoir des propos hasardeux ‘en juin 1940, en se fondant sur la seule actualité, le Troisième Reich aurait tout naturellement apparu comme millénaire…).
Considérer une création institutionnelle comme étant irréversible est de la pure myopie intellectuelle et historique e, tout compte fait, humaine aussi : après tout, nous nous croyons immortels. Hélas, ce n’est pas vrai…
L’évolution de l’Union Européenne ressemble fortement au « concert européen » qui régit le destin du continent du Congrès de Vienne à 1848.
Les deux naquirent après un long conflit (guerres napoléoniennes et seconde guerre mondiale), avec l’intention de garantir la paix ? Toutefois, les deux systèmes montrèrent leurs limites : absolutisme institutionnel de la Restauration, bureaucratie autoréférentielle pour l’Union Européenne. Leur remise en question intervint par le biais des révolutions de 1848 (qui en Europe conduisirent à la première guerre d’Independence) et se produit, ou mieux, commence aujourd’hui avec les victoires électorales des eurosceptiques.

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