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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 20:39

Ou comment les meilleurs alliés des conservateurs sont parfois là où on ne l’imagine pas

Généralement, étant conservateurs,  à l’occasion des échéances électorales auxquelles nous sommes conviés, nous déposons dans l’urne le bulletin correspondant à l’option de droite. De la même façon, quand nous sommes cantonnés à un rôle d’observateur pour des élections étrangères, nous nous sentons plus proches des candidats conservateurs. Certes, entre le bleu et le rouge, notre choix naturel se portera toujours sur le premier ; cela toutefois n’est qu’une profession de foi générique. Notre sensibilité conservatrice ne nous oblige pas à nous scléroser dans une position prédéfinie, à faire allégeance à un dogme immuable. En paraphrasant Cyrano dans sa dernière tirade, nos ennemis sont le populisme, la démagogie, le nivellement par le bas. Nous détestons le jacobinisme et la jacquerie, mais aussi le fondamentalisme et l’obscurantisme. Nous sommes des esprits libres, nous n’avons pas de carte d’un parti. Nous choisissons au cas par cas.

Conservateurs, certes.  Amoureux des idées aussi. Idéalistes non. La politique est l’art du possible, ses répercussions sur la réalité sont concrètes, nous préférons le vote utile au vote protestataire.

En 2012 aura lieu l’élection présidentielle en France. Indépendamment de celui qui en sortira gagnant, la 5ème République ne connaitra pas des bouleversements majeurs, seule la politique quotidienne subira quelques modifications, mais ce sont ces dernières qui vont  influencer le plus profondément la vie des Français.  Ainsi, il est souhaitable que, au-delà du clivage historique entre la Droite et la Gauche, le pays soit gouverné par un statiste capable et préparé.

Si la candidature de Nicolas Sarkozy semble acquise à Droite, ainsi que sa présence au deuxième tour, le choix du candidat de Gauche (si tant est qu’il y ait une Gauche unique) n’est pas arrêté, ni le fait s’il saura se maintenir en lice jusqu’au deuxième tour. Pourtant, dans un pays qui aime les duels et les tournois, le candidat idéal se tient tout prêt. Candidat idéal pour la France, non pas parce que étant meilleur que Nicolas Sarkozy, mais parce que le seul à posséder avec le président sortant l’envergure pour accéder à l’Elysée. Nous parlons, évidemment, de Dominique Strauss Kahn.

Dominique-Strauss-Kahn-2Un homme trop indépendant pour plaire à son parti. Un homme trop érudit en économie pour avaliser les pires lubies soutenues par la gauche. Tout cela peut ratisser très large en politique, capter des voix du centre mais aussi de la droite. C’est naturel donc que, depuis son intervention sur la 2 de dimanche 20 février, la plupart des représentants de l’UMP se répandent en critiques  inattendues, car elles semblent viser l’œuvre du Directeur Général du FMI. Or, s’il y a une chose dont tout homme (et femme) politique de droite devrait se réjouir, est l’action plus que libérale du Fonds Monétaire International dans la gestion des crises financières. C’est naturel aussi que la gauche ne soit pas charmée de l’éventualité d’une candidature de DSK, ne serait-ce qu’aux primaires du PS. D’un côté, pour les éléments les plus extrémistes de la gauche, par ailleurs incapables de concevoir une politique économique sérieuse et dénués de toute chance de s’imposer électoralement, il incarne le Grand Satan libéral saigneur des peuples. De l’autre, il est en mesure de balayer l’inconsistance des propositions et des programmes des autres candidats, notamment ceux de la présidente de la région Poitou-Charentes.

Un homme trop indépendant, disions-nous. Un homme préparé et compétant. Un homme loin de la démagogie. Un homme qui peut conquérir des voix conservatrices.

Si Dominique Strauss Kahn sera le candidat de la gauche à la présidentielle, ce sera une chance pour la France. Nous le répétons, nous ne sommes pas de gauche et, probablement, nous nous opposerons au PS et à ses alliées pour encore longtemps, toutefois la présence de DSK est une garantie pour la France en Europe et dans le monde. Garantie que, si la Droite devait être battue lors du deuxième tour, le nouveau Président de la République ne déclencherait pas un grand soir fiscal ni social. Il y aurait certes quelques actes symboliques, des roses déposées sur des tombes, peut-être même des nostalgiques qui chanteront l’Internationale… Le « socialisme » de Dominique Strauss Kahn sera au socialisme ce que le New Labour de Tony Blair était au Labour de Arthur Scargill. Ce sera la continuation d’un politique libérale dans un contexte mondial globalisé. La refuser, s’ancrer dans les idéologies passéistes prônées par MM Mélenchon et Besancenot, serait ouvrir la porte au déclin.

Il y a une vingtaine d’année, nous eûmes l’occasion de discuter brièvement avec l’un des députés de l’Assemblée Constituante italienne, élue après la proclamation de la République, en 1946. Ce député, de sensibilité royaliste, nous confia que lui et d’autres représentants restés fidèles au Roi, s’interrogèrent d’abord sur l’opportunité de demeurer dans l’apparat d’un Etat qu’ils n’avaient pas voulu. Après brève discussion, le pragmatisme l’emporta… Le Parti Communiste, à l’époque, faisait peur, l’Union Soviétique étendait son ombre de la Mer du Nord à l’Adriatique, le risque d’un basculement de l’Italie était réel. « Nous décidâmes » il racontait, « que si vraiment nous devions vivre en république, autant que cela se fasse dans une république blanche plutôt que dans une république rouge », et ils entrèrent dans le jeu politique républicain sans remords.

La candidature de Mr Strauss Kahn est sans contexte une bonne nouvelle pour tous les conservateurs. Nous ne prendrons pas le train pour Bruxelles si, à 20h00 d’un certain dimanche, son visage apparaitra sur tous les écrans. Quant à voter pour lui, en revanche, rien n’est moins sûr.

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Politiquement conservateur mais trop libre d'esprit pour être un homme de parti.
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