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21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 19:49

La récente victoire de « La Grande Bellezza » lors de la nuit des Oscars permet au public français de découvrir un autre des chefs-d’œuvre interprétés par Toni Servillo. « Viva la libertà », dans une ambiance typiquement italienne, nous repropose l’éternel thème du sosie qui se retrouve propulsé par le jeu du hasard au centre de la scène, investi d’un pouvoir qui n’est pas le sien et qui, à la grande surprise de ceux qui l’ont placé dans cette situation croyant de pouvoir le contrôler, obtient des résultats étonnants. Comme jadis dans « Le prisonnier de Zenda » ou dans « Le prince et le pauvre » de Mark Twain, nous assistons» à l’épopée d’un illustre inconnu que, par la seule vertu de la ressemblance, vit une destinée extraordinaire. Dans le cas de « Viva la libertà », celui qui est choisi par des manipulateurs qui finiront manipulés est l’hôte d’une maison de santé psychiatrique (ce qui nous laisse grandement songeurs face aux qualités supposément requises pour diriger un parti et accessoirement un pays…) et accessoirement frère jumeau d’un homme politique fatigué et désabusé. Mais que fait-il donc le « fou » ? Il fait souffler sur un parti morne en voie d’enlisement dans un gris ennui un vent de légèreté, de sincérité, de poésie. Il ne parle pas de courbe de chômage, de rapport entre le déficit et le PIB ou d’autres thèmes austères qui ne passionnent que quelques ternes bureaucrates bruxellois : il fait rêver, il donne de l’élan, bref, il redonne confiance dans la politique. Face aux dirigeants politiques actuels, dont l’allure, qu’ils soient de gauche et de droite, ressemble à celle d’un entrepreneur en pompes funèbres, il oppose un constant émerveillement et une frivolité qui est à la fois conscience aigüe de la réalité et meilleur moyen pour éviter toute posture trop lourdement austère. Tel est le sens de ce film : en finir avec une politique menée par des comptables aigris et retrouver à la fois la passion et la grandeur.

Le Conservateur va au cinéma n°5
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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 22:14

Si la plupart des commentateurs ont voulu retrouver dans « La Grande Bellezza » des traces de la fellinienne « Dolce Vita », nous penchons plutôt pour « La Terrazza » de Ettore Scola. Autant le film de Federico Fellini fait continuellement l’aller-retour entre le monde futile et faussement brillant de Via Veneto et des horribles banlieues déshéritées (les « borgate » chères à Pasolini), autant les personnages de « La Terrazza » ne sortent jamais de leur microcosme haut-bourgeois, mais malgré cela ne sont pas inconscients de la marginalité de leur vie. Marginalité tout assumée, voir vantée avec orgueil, car quel plus subtil plaisir que de se savoir témoins lucides d’un monde qui disparait en faisant semblant de vivre à l’infini ?

La grande bellezza poster film sorrentino-cannesRares sont les films ou les livres qui ont su si efficacement traduire l’âme de Rome. Rome, suprême enjeux de luttes et de conquête depuis l’Antiquité jusqu’à l’aube de l’Ere Moderne, habituée à être envahie, occupée par des dizaines d’armées étrangères, et toutefois toujours capables de les phagocyter, de les « romaniser » au cœur de ses rituels lents et de sa langueur méditerranéenne. Rome, dont le souvenir d’un empire immense dispense de toute velléité de prouver sa valeur dans le monde contemporain, sure de son passée et de sa supériorité, telle une grande dame aristocratique regardant avec indifférence et un brin de mépris de bon aloi les gesticulations d’une foule de jeunes roturières assoiffées de réussite sociale. Rome qui, ayant appris il ya deux-mille ans le principe de « Graecia capta coepit ferum victorem », exténue et suffoque dans ses bras tout conquérant venu d’ailleurs.

« La Grande Bellezza », un film peut être un peu trop long, mais l’étirement des jours dans une langueur indolente n’est pas depuis toujours le caractère premier de l’éternité, et donc quel meilleur hommage pour la ville qui se veut justement éternelle ?

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 21:24

dame-en-noir.jpgPar temps d’instabilité et de pertes de repères, rien ne vaut mieux que la recherche des valeurs sûres et traditionnelles. Pour ces raisons, nous sommes reconnaissant vers la Hammer, mythique maison de production anglaise qui lança dans les années 50 et 60 des films d’horreur si british et fascinants tels que « Le cauchemar de Dracula » ou « La malédiction des pharaons », source de terreur et délice pendant notre enfance, et qui revient avec cette « Dame en noir ». A la différence des films continentaux qui essayent de singer la ghost story à l’anglaise, ici tous les ingrédients sont justement dosés et à la bonne place, en  nous proposant des un agréable exercice de style, bien servi par le jeux des acteurs : une histoire qui trouverez dignement sa place dans le justement célèbre « Livre des fantômes anglais » de Lord Halifax. Et, last but not least, fait désormais rare en fait de cinéma, nous sortons de la salle satisfait d’avoir vu ce qu’on souhaitait voir en y entrant.

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 22:03

Le titre français, bien qu’en étant la traduction littérale, n’a pas la même force que celui anglais. « Le discours d’un roi » pêche par ce « un » qui en brise la dynamique. « Quel roi ? » pourrait-on se demander… La centralité de la fonction souveraine se trouve banalisée par cet article qui la précède (nous n’irons pas jusqu’à y voir  une sournoise manouvre jacobine antiroyaliste, mais…) tandis  que la version originale, The King’s Speech, s’impose dans sa clarté : c’est le discours du Roi. Subtilités linguistiques mises à part, l’autre titre du film pourrait être My Fair King… Comment ne pas être tenté de comparer les efforts de George VI pour vaincre son bégayement grâce à un professeur aux méthodes originales avec la parabole d’Eliza Doolittle / Audrey Hebpurn en duo avec le professeur Higgins / Rex Harrison ? The King’s Speech montre la famille royale d’Angleterre dans toute sa simplicité et humanité, irrésistible la présence d’esprit de la Reine Elizabeth (la célèbre Queen Mum ) / Helena Bonham Carter lorsqu’elle explique avec candeur qu’on peut l’appeler « Votre Majesté… ».  The King speaks, God save the King !

 tksThe King’s speech, de Tom Hooper, avec Colin Firth, Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 19:47

Les amateurs de style et d’esprit (qualités essentielles…) ne pourront qu’apprécier « Potiche » de François Ozon. L’histoire est loin d’être bête (quoi de plus sérieux et «engagé » que les relations sociales dans une usine du Nord ou la condition féminine ?) mais contée élégamment et légèrement. Nous nous régalons du jeu des acteurs, des incessants clins d’œil à l’actualité d’une remarquable équidistance politique (du « casse toi pauvre c… » lâché par Fabrice Luchini à l’apparition de Catherine Deneuve en coiffe de bergère qui promet de défendre les intérêts des petits fromagers une fois élue député) mais aussi au cinéma de Jacques Demy (et de Catherine Deneuve) : l’usine de parapluies nous rappelle tellement « Les parapluies de Cherbourg » et le fils de la famille ressemble comme un jumeau au jeune Jacques Perrin des « Demoiselles de Rochefort ».

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Politiquement conservateur mais trop libre d'esprit pour être un homme de parti.
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